Nous influençons tous, que nous le voulions ou non, les gens que nous croisons. Cela vaut pour n'importe qui, cela vaut davantage pour un individu qui aurait une grande visibilité sur Internet.
Tous les vidéastes doivent ainsi prendre leurs responsabilités et être au clair avec ceux et celles qui les suivent. Notre chaîne présente les différentes influences qui nous orientent dans notre quotidien, et il est de notre devoir d'être d'autant plus vigilant sur nos propres propos. Ainsi, nous rappelons sans cesse que tout discours est discours d'un corps, d'une perspective, nous préférons présenter notre contenu comme matière à penser, et nullement comme une proposition que l'on présenterait comme vraie. Nous nous assurons aussi de ne jamais pointer du doigts qui que ce soit, nous présentons des structures, des attitudes, des comportements, mais nous ne ciblons jamais des personnes. Chaque vidéaste doit avoir une réflexion sur sa propre démarche, et je crains que certains ne se rendent pas compte, ou ne veulent pas se rendre compte, qu'ils sont responsables de leurs propos mais aussi des possibles mésinterprétations de leur discours avec les conséquences qui s'en suivent.
Des produits dérivés, non, surtout pas. Nous avons bien du contenu dérivé, mais qui se constitue dans notre démarche et que l'on propose gratuitement comme le livre L'Homme formaté.
Quant à la télévision, nous pouvons affirmer que nous n'irons jamais proposer quoique ce soit dans la petite lucarne, nous tenons trop à notre liberté et nous pensons qu'Internet n'a pas être dépendant de la télévision, au contraire. Notre média, c'est Internet, et ça le restera.
Il y a bien les statistiques Youtube, mais elles ne sont pas forcément représentatives, puisque nos vidéos sont parfois téléchargées sur des applications torrent (ce dont nous sommes très fières, piratez nous autant que vous le souhaitez).
Nous savons qu'une grand part de notre public a entre 18 et 30 ans, pour autant nous trouvons toutes tranches d'âge, des plus jeunes aux plus âgés.
En ce qui concerne les vidéos, nous sommes deux, bien que le plus long du travail soit solitaire (comme l'écriture ou le montage).
De temps à autre, d'autres personnes interviennent, mais en règle générale notre équipe se compose de deux personnes : moi-même et Viciss.
Je voudrais déjà commencer par distinguer Youtuber et vidéaste. Je me considère à titre personnel comme vidéaste, non comme youtuber. Pourquoi cette préférence ? Car en utilisant ce mot « youtuber », on en vient à l'idée que c'est la plate-forme qui définit l'auteur : je pense au contraire que ce qui définit l'auteur c'est son contenu, qu'importe qu'il soit sur Youtube, sur Dailymotion ou autre. Pourquoi ai-je choisi Youtube ? Tout simplement car il s'agissait à l'époque de la plate-forme vidéo la plus simple d'accès.
Nous n'avons jamais cherché à faire de notre activité sur Internet un métier, ou tout du moins une activité délivrant un revenu suffisant pour en vivre. La principale source financière sur Youtube est la publicité. Or, nous proposons sur la chaîne un point de vue critique de la publicité, et il nous paraîtrait contradictoire de vivre de la publicité tout en alertant des méfaits de la publicité. Nous avons donc choisi de désactiver les publicités sur notre chaîne, et donc de renoncer à un revenu publicitaire.
Cependant, et notamment afin de financer nos productions, nous avons ouvert un tipeee (plateforme de don). Cela nous semble plus en accord avec notre démarche, mais encore une fois le but n'est pas d'en vivre.
Quant à savoir si Youtuber est un métier ? Oui, c'est un métier, mais dès lors qu'on en fait une activité professionnelle on prend surtout le risque de se conformer, de produire du contenu comme dans une usine à la chaîne, et de brider ainsi sa créativité. Ce métier de youtuber est assez proche du monde de la télévision : il faut viser l'audimat afin d'augmenter ses revenus publicitaires, il est possible aussi de s'associer avec des annonceurs pour vanter des produits, etc…. Nous ne voulons absolument pas tomber dans cette logique, et j'invite les jeunes vidéastes à bien réfléchir à leur démarche : si ce qui vous passionne, c'est l'expérimentation, la création de contenu, vouloir devenir Youtuber risque de vous frustrer.
Est-ce un métier d'avenir ? Non, ceux et celles qui gagnent leur vie via Youtube sont rares, il y a beaucoup de volontaires et peu d'élus, et malheureusement parvenir à percer dans ce cadre relève en partie de l'arbitraire.
Que faire alors ? Renoncer à être vidéaste ? Pas du tout, si vous voulez devenir vidéaste lancez vous, mais ne le faites pas selon la finalité d'en faire un métier, faites le d'abord pour vous épanouir par la création. Cela vous permettra d'être sincère dans vos œuvres. Et si d’aventure vous avez la possibilité d'en vivre, alors pourquoi s'en priver ? Il faut donc distinguer la finalité de la conséquence : la plupart des vidéastes qui en ont fait un métier l'on fait par voie de conséquence, sans avoir dès le départ souhaité en faire leurs activités principales.
Comment votre chaine a-t-elle évoluée depuis vos début sur Youtube ?
Nous avons commencé fin 2013, avec notamment la publication d'un prologue qui définit les grandes lignes de la chaîne. Partant de là, nous avons commencé à publier des vidéos de 20 à40 minutes sous le nom d'Horizon. La ligne directrice est la suivante : ouvrir une réflexion sur les déterminants sociaux-culturels dans la logique du hacking social (le hacking social étant l'activité consistant à comprendre et à détourner les structures sociales afin d'ouvrir plus largement les champs de possibilités individuels et collectifs).
C'est l'épisode 3 d'Horizon, « Le syndrome du grand méchant monde » qui a constitué un véritable cap à l'évolution de la chaîne. Non seulement c'est l'épisode qui a reçu le plus de réactions et de commentaires de la part des internautes, mais c'est aussi à partir de cet épisode que nous avons trouvé en quelque sorte notre ton. Bien sûr, je ne crois pas pour autant qu'un vidéaste puisse trouver son ton définitif, tout est toujours à créer, et c'est bien pour cela que nous avons proposé d'autres formats : Horizon by night, un format plus court, et XP, un format qui se recentre sur des expériences en psychologie sociale.
C'est variable, et je serais bien incapable d'apporter une réponse précise ou même approximative à cette question. Ce que je peux dire, c'est que nous ne nous y consacrons pas à plein temps à cause de nos impératifs professionnels.
Cependant je peux donner un ordre d'idée du temps passé à réaliser un épisode. Pour un épisode d'Horizon, cela prend plusieurs mois, entre le temps d'investigation, de lectures, de recherches, puis l'écriture, le tournage, et enfin le montage et la post-production.
Nous consacrons du temps aussi à essayer de répondre aux commentaires. Il est essentiel avec de tels sujets d'accompagner son discours initial, pour éviter des erreurs d'interprétations, parfois pour nuancer, et parfois aussi pour reconnaître des lacunes. C'est avec ce dialogue qu'on peut vraiment avancer.
Enfin je voudrais préciser que la chaîne n'est que le vestibule d'un plus vaste projet : le hacking social. En effet, en complément de la chaîne il y a un site hacking-social.com qui propose régulièrement des articles propre aux thématiques abordées dans les vidéos.
Un épisode d'XP prend moins de temps, je dirais que si je travaillais à temps plein, un épisode d'XP pourrait se réaliser en deux semaines. Mais puisque je n'ai pas la liberté d'y consacrer toutes mes heures, cela demande un peu plus de temps, environ un bon mois.
Combien de temps consacrez-vous à votre chaîne ?
Pensez-vous que "youtubeur" est un métier ? Ainsi qu'un métier d'avenir ?
Combien êtes-vous dans l'organisation de celle-ci ?
Interview de la chaine Horizon
Quelle est la tranche d'age qui regarde le plus vos vidéos ? Auriez-vous des statistiques à nous fournir ?
Pensez-vous influencer le comportement des personnes qui vous suivent ?
Voudriez-vous vous lancer dans la création de produits dérivés ? (livres, émission télévisée, etc...)